Interface défend son silo de Bû
La coopérative doit répondre aux habitants de Bü qui contestent le déménagement de son silo de centre-ville.
Il lui fallait faire preuve de patience et de pédagogie : jeudi 31 octobre, François Barret, président de la coopérative Interface, était debout, face à une centaine d’habitants et devant quatre experts techniques de la coopérative, dans la salle des fêtes de Bû. Et à la fête, il était loin d’y être. Il devait s’expliquer sur la construction du nouveau silo dans la commune.
En résumé, depuis au moins trente ans, la coopérative dispose d’un silo de 1 500 tonnes au milieu du village. Comme la récolte des adhérents locaux est de 9 500 tonnes, le ballet des camions bruyants est incessant. Les habitants réclament le déménagement du silo. Finalement, la coopérative trouve une solution en projetant de construire un nouveau silo en dehors du village, d’une capacité de 14 000 tonnes adaptée à la situation et en devançant toutes les normes de sécurité et de protection de l’environnement. Et là, les habitants s’y opposent. Enfin... des habitants : ceux du lotissement à quatre cents mètres du site.
Juridiquement, les opposants arguent que le silo n’est pas une activité agricole telle qu’elle est prévue au plan d’occupation des sols. Ils avancent des jurisprudences du Conseil d’Etat et des réponses ministérielles. Ils ont déjà fait un recours au tribunal administratif. Ils ont annoncé le 31 octobre demander un référé suspensif. François Barret réplique que la coopérative s’inscrit dans le droit et laisse donc les juges trancher.
Techniquement, les opposants accumulent les questions. « Quelle est la nuisance sonore de l’élévateur ? », « que faites-vous des poussières ? », « où les camions stationneront-ils ? », « Pourquoi avoir commencé les travaux si tôt ? », « Etes-vous concernés par Seveso 3 ? », etc. François Barret répond à chacune d’elles mais elles traduisent une défiance générale : « J’ai l’impression qu’on n’est pas dans un climat de confiance. J’aimerais apaiser les choses car vous nous prêtez des intentions aberrantes. » En effet, toutes ces questions participent d’une construction intellectuelle qui voit la coopérative faire de ce silo un point central d’un vaste trafic d’export du grain ou de commerce du phytosanitaire. Il faut donc expliquer que le stock coûte moins cher que le flux, que la construction verticale est la plus économe en énergie, qu’elle anticipe sur les normes à venir, que c’est un silo d’une dimension banale, que son emplacement est adapté aux agriculteurs adhérents, qu’on ne collecte qu’à la moisson, etc. « Il n’y a pas de coup tordu », résume François Barret.