Interview
« Il est hors de question que nous soyons perdants demain avec cette nouvelle Pac »
Agriculteur à Mespuits (Essonne), Stéphane Besnard est secrétaire général du syndicat local de Beauce-Gâtinais et président de la commission agriculture biologique de la FDSEA Île-de-France.
Agriculteur à Mespuits (Essonne), Stéphane Besnard est secrétaire général du syndicat local de Beauce-Gâtinais et président de la commission agriculture biologique de la FDSEA Île-de-France.
Quel bilan faites-vous de l'année passée sur le plan syndical ?
Le contexte actuel montre encore plus la nécessité pour nous de faire partie d’un syndicat fort et dynamique. Imaginez l’issue des différents dossiers sans la mobilisation de notre FDSEA ou de la Confédération générale des planteurs de betteraves par exemple : individuellement, aucun moyen d’influer sur les problématiques qui nous touchent (chartes ZNT, NNI, dépôts sauvages, dégâts de gibiers, etc). Cela n’a pu se faire que grâce à l’engagement de nos représentants et aux nouveaux modes d’action adaptés à la situation qu’ils ont mis en œuvre.
Faire partie d’un collectif fait du bien au moral et cela a permis d'entretenir les rares moments de convivialité que nous avons eus entre agriculteurs, comme notamment lors des barbecues de fin de moisson ou de quelques réunions. D’autant que vis-à-vis de la société, la profession a su relayer un message positif qui remet l’agriculture à sa juste place.
D’un point de vue pratique pour nos exploitations, le syndicat est là en cas de contrôle, pour des achats groupés, des formations, mais aussi pour tout ce qui concerne la main-d’œuvre. Comme je suis nouvellement employeur, j’apprécie cet accompagnement.
Par ailleurs, le conseil régional d'Île-de-France et la chambre d'Agriculture se sont montrés une fois encore à nos côtés et nous avons obtenu plusieurs aides financières (aide aux filières horti-pépi, aide sécheresse…).
Dans la Pac en négociation, quelle sera la place de l'agriculture biologique ?
Cette nouvelle Pac sera là en 2023. Il reste beaucoup de chose en suspens. La commission bio de la FDSEA devra faire remonter au niveau national ses attentes. La première est de conserver et de développer la rémunération des externalités positives de l’AB (Agriculture biologique) : biodiversité, fertilité des terres, climat, mais aussi santé humaine, bien-être animal et emploi.
Des objectifs ambitieux ont été donnés à l’agriculture biologique par la société et les politiques. Il faut des moyens pour les atteindre et veiller à ce que cela ne déstabilise pas les marchés comme on peut déjà le voir sur l’orge de brasserie ou les lentilles par exemple.
La commission bio nationale a été renouvelée et j'en fais désormais partie. J'espère contribuer à faire bouger les lignes sur l'AB en interne et démontrer que le réseau FNSEA est légitime et efficace dans le soutien à ses adhérents bio. Car si nous sommes dans une région propice à l’AB, il est hors de question que nous soyons perdants demain avec cette nouvelle Pac.
Et comment se porte l’agriculture biologique en Île-de-France ?
Grâce aux efforts du conseil régional et de l’Agence de l’eau, ainsi qu’à la proximité du bassin de consommation parisien, la dynamique est toujours très bonne. Elle est entretenue sur le terrain par la chambre d’Agriculture avec les compétences du Pôle de compétitivité technique en agriculture biologique (PCTAB) qui nous permet d’échanger et de progresser toujours plus.
Cela étant, il semble que les conversions à l'AB se poursuivent à un rythme un petit peu moins soutenu qu'auparavant. L'explication peut être que, si les plus intéressés se sont massivement convertis, les autres attendent encore un peu de voir ce qui va se passer et comment le marché bio va se réguler. Et puis les prix des grandes cultures conventionnelles ont remonté ces derniers temps.
Pour autant, notre présence au côté de la Région a permis qu’elle réitère son soutien à l'agriculture biologique en annonçant la poursuite de l’aide annuelle au maintien (160 euros/hectare) et la reconduction de l’aide à la conversion (300 euros/hectare sur cinq ans) pour 2021-2022.