Faire parler le sol d’une parcelle de colza
Les analyses de reliquat en sortie d’hiver (RSH) battent leur plein. La terre, prélevée du sol, suit un parcours bien précis, jusque dans un tube à essais où elle est analysée.
9 h, -1°C. Sur une parcelle de colza de Montlivault, un conseiller de la chambre d’Agriculture de Loir-et-Cher s’adonne à un drôle de jeu. Il marche à travers champ, s’arrête à un endroit, pose trois seaux et enfonce une tarière dans le sol sableux. « L’objectif des analyses de reliquats en sortie d’hiver est de voir si la plante a absorbé tout l’azote ou s’il en reste de disponible jusqu’à la moisson », explique Christophe Beaujouan.
Avant de procéder au prélèvement, le conseiller a commencé par une pesée du colza pour en estimer sa grosseur. A priori, le colza ici est gros, voire très gros. « Je m’écarte des bords et j’avance perpendiculairement à la ligne du tracteur pour effectuer mes trois horizons, à 30, 60 et 90 centimètres. » Le but est de prélever le plus loin possible, là jusqu’où vont les racines de la plante. Après avoir réitéré l’opération une dizaine de fois sur chaque prélèvement, Christophe Beaujouan transfère la terre dans trois sachets de congélation, les étiquette et renseigne les éléments sur une feuille.
Il se rend au laboratoire de la chambre d’Agriculture et range les prélèvements dans un congélateur « pour éviter que le cycle de l’azote ne reparte et que cela court-circuite l’échantillon du sol. » Élisa, au laboratoire, pèse vingt-cinq grammes de terre fraîche et en met une autre partie dans une capsule pour en analyser le taux d’humidité.
« L’humidité a une influence sur les résultats », précise Émilie, qui se charge pour sa part de prendre les vingt-cinq grammes pour effectuer l’extraction avec du KCL. L’opération effectuée, la même Émilie dépose les sachets soudés dans une caisse pour secouer la terre pendant une heure.
L’échantillon passe en centrifugeuse puis elle prélève la partie limpide, revenue en haut du tube à essais. Un logiciel analyse ce liquide et Christian en interprète les résultats. La feuille, avec tous les éléments renseignés ainsi que des conseils d’apport, est envoyée à l’agriculteur sous une semaine.
Sur au moins une des trois principales cultures en zone vulnérable (ZV), il est obligatoire d’effectuer une analyse RSH en cas de surface comprise entre trois hectares de surface agricole utile et cinquante hectares de Surface en céréales, oléagineux et protéagineux (Scop) en ZV et d’effectuer deux analyses si la surface est supérieure à cinquante hectares de Scop en ZV. S’il ne s’agit que de cultures non Scop uniquement en ZV, le RSH est remplacé par une analyse de matière organique ou d’azote total. Enfin, si ce ne sont que des prairies de plus de six mois en ZV, l’analyse n’est pas obligatoire.