Deux Rallyes des cultures pour diversifier ses productions
La chambre d’Agriculture d’Eure-et-Loir a organisé, les 8 et 18 juin, deux Rallyes des cultures. Le premier s’est déroulé dans le Thymerais et le second dans le Perche autour d’une dizaine de cultures originales et de leurs débouchés.
Après le franc succès de la première grande journée de la diversification Cultur&Co, et en attendant la seconde édition prévue en juin 2019, la chambre d’Agriculture d’Eure-et-Loir a souhaité proposer aux agriculteurs deux Rallyes des cultures : l’un dans le Thymerais le 8 juin, l’autre dans le Perche le 18.
Il s’agissait de faire découvrir aux exploitants, par le biais d’échanges d’expérience, un panel de cultures originales comme autant d’opportunités de diversification.
Le premier rendez-vous a donc été fixé chez Samuel de Smet, à Broué. Si le jeune exploitant est connu pour sa production de safran, c’est plutôt pour parler de lin fibre, de tabac et de betterave rouge porte-graines qu’il a été sollicité par la chambre d’Agriculture.
L’exploitant produit entre douze et quinze hectares de lin fibre de printemps chaque année, il est le producteur le plus au sud de la zone de production : « C’est une très bonne culture, mais il faut rester raisonnable, il y a des risques », a-t-il expliqué. De fait, certaines années ça ne marche pas à cause de la météo et il vaut mieux ne pas engager de frais de récolte. La culture du tabac est plus régulière mais nécessite de l’eau, de la main-d’œuvre et pas mal de matériel spécifique. Son point fort est la marge qu’elle permet de dégager, de quatre à huit mille euros par hectare.
« Le tabac français a la cote, il est bien valorisé et les prix sont stables dans le temps », a pointé Samuel de Smet.
Enfin, la betterave rouge porte-graines est une culture intéressante mais qui demande de s’en occuper. Elle ne nécessite pas de matériel spécifique, constitue une bonne rupture de rotation et se récolte tôt : « Ça se vend bien, le rendement est de l’ordre de vingt quintaux et s’il y en a vingt-cinq, c’est le jackpot ! ».
Ensuite, tout le monde s’est rendu un peu plus loin, chez Cédric Quatrebœufs, à Boutigny-Prouais, pour voir sa production de luzerne porte-graines.
Cette culture constitue une excellente tête de rotation. Elle améliore la structure du sol en restituant de l’humus. À l’instar du soja, elle nécessite une inoculation et demande de la chaleur. Elle est éligible aux aides Pac. Toutes ces cultures se font sous contrat, soit avec un établissement semencier pour les porte-graines, soit avec une coopérative ou un établissement privé, soit avec la Coopérative tabac feuilles de France (CT2F) pour le tabac.
Pour le second Rallye cultures, la chambre d’Agriculture a donné rendez-vous aux agriculteurs dans sa ferme expérimentale de Miermaigne. Là, ont été présentées les cultures de lin oléagineux et de sarrasin. Les deux sont assez simple à mettre en place sans matériel spécifique.
Leur cycle est court, elles ont besoin d’eau jusqu’à la floraison mais ne sont pas gourmandes en intrants. Elles constituent un excellent précédent, le sarrasin ayant même des vertus nettoyantes...
En revanche, les rendements du lin sont jugés variables et le sarrasin est sensible à la verse et au gel, ses fleurs avortant à 3 °C.
Les débouchés de ces cultures sont l’alimentation humaine, l’alimentation animale — à travers la filière Bleu Blanc Cœur pour le lin par exemple — ou l’industrie. Par ailleurs, le sarrasin est très mellifère.
L’agriculteur y a montré d’abord une parcelle de pois marbré : « C’est la première fois que j’en produis, c’est destiné à l’oisellerie. Il y en a deux cents hectares en Eure-et-Loir, ce qui représente la moitié de la production française. C’est valorisé 250 euros tonne et l’itinéraire technique et les rendements sont similaires au pois », a-t-il expliqué.
Ensuite, l’exploitant a entraîné ses collègues vers une parcelle de pois chiche. Une culture valorisée en alimentation humaine : « La culture se plait dans le sec, elle n’aime pas l’eau, après 70 mm de pluie, les fleurs ont régressé », a-t-il témoigné.
Selon lui, la difficulté réside surtout dans le désherbage : « Du fait de son débouché, il y a peu d’herbicides qui passent et la culture y est très sensible. J’ai passé la herse-étrille. Comme c’est planté à 4-5 cm, ça ne pose pas de souci avec des dents de 6, réglée au plus agressif et à 3 km/h ».
Par ailleurs, cette culture ne nécessite pas d’azote mais ne fixe pas l’azote atmosphérique, ne verse pas. Le rendement est de l’ordre de 40 quintaux valorisés autour de 500 euros la tonne et il n’y a pas de difficulté à trouver un contrat.
« J’ai fait ce choix pour couper le cycle du vulpin et il me fallait une culture de printemps qui passe dans les pierres », a confié Jérôme Garnier.
Enfin, l’exploitant a emmené tout le monde sur une parcelle d’orge de printemps. Un choix effectué là aussi pour couper le cycle du vulpin. Les points forts de cette culture sont sa vitesse d’implantation et sa densité qui limite les adventices et la marge réalisable en brassicole, les charges opérationnelles étant assez faibles. L’orge se prête également au désherbage mécanique. Le conseil de l’agriculteur : « Apporter tout l’azote au départ... ».
En tout cas, deux journées riches et propices à donner des idées de diversification aux agriculteurs.