Des semis d'automne qui n'attendent pas
Les exploitants n'ont pas perdu de temps cette année pour réaliser leurs semis de céréales d'hiver, à l'image de Stéphane Leveau à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir).
Les exploitants n'ont pas perdu de temps cette année pour réaliser leurs semis de céréales d'hiver, à l'image de Stéphane Leveau à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir).
« Pour les semis cet automne, c'est vrai que nous avons eu un peu peur que cela se passe comme l'an passé. Nous n'avons pas commencé plus tôt pour autant car les conditions étaient bonnes pour pouvoir travailler tranquillement. Peut-être un peu trop tranquillement d'ailleurs, parce que ce n'est pas fini… Mais ça se passe bien », témoigne Stéphane Leveau.
Installé avec son frère sur les hauteurs de Nogent-le-Rotrou, ils sont en polyculture-élevage, à la tête d'un troupeau de vaches allaitantes. Un quart de leur SAU est consacré aux prairies permanentes et temporaires, le reste aux autres cultures.
Sur la ferme, les orges ont été commencées autour du 18-20 octobre pour essayer de lutter contre la virose, sachant que si elles sont semées après le 25 octobre, cela engendre une baisse de rendement : « L'an passé, nous avons perdu environ 15 % de rendement en orges et le blé a été touché à 30 %. Comme la pluie est arrivée tôt, nous n'avions pas pu faire de désherbage ni d'insecticide. Semer tôt, dans de bonnes conditions, c'est moins de gasoil, moins de semences et plus de rendement », souligne l'exploitant.
En revanche, les semis de colza se sont avérés catastrophiques : « Sur nos soixante hectares, les deux tiers sont à refaire. Nous ferons de l'orge sur vingt hectares et du maïs sur le reste… Nous allons avoir une grosse sole de maïs. Déjà l'an passé, nous en avons ensilé plus que d'habitude et donc connu une perte en maïs grain. Mais, de toute façon, les prairies ce ne sera pas terrible, le redémarrage n'est pas bon, nous avons dû ressemer et nous devrons reconstituer notre stock de foin. Sans stock, 2021 va être compliqué pour les zones d'élevage ».
La sécheresse aura également d'autres conséquences pour le secteur : « Il y aura des complications au moment des vêlages. Sans herbe, les vaches ont manqué d'oligo-éléments, elles ont été stressées. J'ai déjà eu deux avortements, il y a des vaches qui ne sont pas pleines, il y aura des avortons. Quand il y a du stress, nous payons les pots cassés plus tard », s'inquiète Stéphane Leveau.
Et pour l'éleveur percheron, les soucis ne s'arrêtent pas là : « Les prix de la viande sont au plus bas, pointe-t-il. Entre les cessations, la sécheresse, les décapitalisations, le marché est saturé. Et vu le contexte et les investissements, les banques ne suivent pas. Il faut arrêter les contraintes, remettre tout à plat, voir ce que l'on a fait depuis vingt ans, toutes les mises aux normes… Nous avons donné ! Il faudrait avancer aussi sur le dossier des retenues d'eau. L'hiver dernier, nous avons eu 200 mm d'excédent de pluie mais elle coule… ».
Pour le secteur, il y a urgence.
Hervé Colin