Le PSG convoite le domaine de Thiverval-Grignon (Yvelines)
Le domaine de Thiverval-Grignon (Yvelines) est convoité par les dirigeants du PSG. Un projet auquel s’oppose fermement la profession agricole qui veut conserver ce site emblématique de l’agriculture.
Imaginez. Le château de Thiverval-Grignon (Yvelines) dans le giron des Qataris est désormais transformé en bureaux fastueux, hauts lieux de tractation pour attirer, acheter et vendre les vedettes du football. Devant, les pelouses sont devenues des terrains de football où s’entraînent quotidiennement Ibrahimovic, Di Maria et les autres. Plus loin, les résidences étudiantes accueillent les jeunes prodiges en devenir et les laboratoires, eux, ont été désossés pour servir de pièces de stockage pour les tondeuses et autres matériels.
Si le club de football du Paris-Saint-Germain (PSG) achetait le domaine de Thiverval-Grignon (Yvelines), il est fort probable que le scénario prendrait une tournure semblable.
Le site — propriété des Domaines — est en vente depuis quelques mois puisque l’école de formation et de recherche agronomique AgroParisTech quittera les lieux à l’horizon 2019 pour rejoindre le pôle d’enseignement de Saclay (Essonne).
Une véritable « aberration » pour la profession agricole francilienne qui s’oppose fermement à ce projet de rachat par le PSG. La chambre d’Agriculture d’Ile-de-France a d’ailleurs voté une délibération fin 2015.
« Il est hors de question de laisser partir 88 hectares de foncier et un lieu si emblématique pour l’agriculture et la recherche », a réagi le président de la chambre, Christophe Hillairet : « Les élites de notre agriculture ont été formées là. On ne peut pas laisser faire et perdre une fois de plus du foncier, surtout pour un projet aussi futile que du football ! »
Une position soutenue par les syndicats, FDSEA et JA d’Ile-de-France, ainsi que par plusieurs associations environnementales locales. L’une d’entre elles a d’ailleurs lancé une pétition sur Internet « contre le Qatar à Grignon » et diffusé des montages photos de ce que deviendrait le site en cas de rachat (voir la photo).
« Depuis plusieurs années, la France perd progressivement des places dans le classement des pays exportateurs. Ce serait une grosse erreur que d’abandonner ce site. L’agriculture et l’agronomie en ont besoin. Il faudrait trouver une autre destination au domaine comme faire de la formation permanente ou une cité de l’agriculture... », explique le représentant de l’association AgroParisTech patrimoine, Claude Morand-Fehr.
De son côté, l’Association patrimoniale pour la plaine de Versailles (APPVPA) reste « ouverte au projet » mais pose ses conditions : « Le premier objectif est de conserver l’ensemble des terres agricoles exploitées par la ferme expérimentale, l’activité de la ferme doit être consolidée. » Et d’ajouter : « Un musée vivant incluant toute l’histoire de l’innovation agricole serait aménagé dans un lieu visitable. Si ces conditions ne sont pas obtenues, l’APPVPA s’opposera au projet. »
C’est donc l’ensemble d’une profession et d’un territoire qui défend un élément clé du patrimoine agricole francilien. Le dialogue avec les dirigeants qataris reste difficile et, si la situation n’évolue pas dans les prochains jours, le président de la chambre d’Agriculture l’affirme : « J’écrirai une lettre ouverte au ministre de l’Agriculture. J’irai jusqu’au bout. »