Viticulture
Vendanges : « une année très particulière »
Les vendanges ont démarré en Loir-et-Cher. Cette année, les vignerons touchés par les gelées du printemps et les pluies estivales ne s’attendent pas à de gros rendements. Laure Dubreil, viticultrice à Couddes, en témoigne.
Les vendanges ont démarré en Loir-et-Cher. Cette année, les vignerons touchés par les gelées du printemps et les pluies estivales ne s’attendent pas à de gros rendements. Laure Dubreil, viticultrice à Couddes, en témoigne.
Gelées, mildiou, oïdium… Cette année, les vignes ont été mises à mal. En cette période de vendanges, les vignerons de Loir-et-Cher accusent le coup. Au domaine Dubreil, à Couddes, la récolte, plusieurs fois reportée, a finalement démarré mardi 21 septembre. « C’est une année vraiment très particulière », affirme Laure Dubreil, présidente des Vignerons indépendants et co-gérante du domaine.
Avec son mari Stéphane, la viticultrice cultive 50 hectares de vignes labellisées Haute valeur environnementale (HVE). « Nous faisons essentiellement du sauvignon. Nous en avons 30 hectares. Le reste correspond à des cépages diversifiés en rouge et blanc. » Ils commercialisent 50 % de leurs vins eux-mêmes. La moitié restante est vendue en négoce.
Des conditions de vendanges compliquées
Contrairement à certains, les dates de vendanges ne surprennent pas Laure Dubreil : « Les quatre ou cinq dernières années étaient vraiment très précoces, là, on revient à des périodes plus classiques dans notre secteur ». Selon elle, ce sont surtout « les conditions de récolte qui sont très compliquées ».
La viticultrice et son mari ont été durement impactés par les gelées du printemps. « Les experts estiment que nos vignes on gelé à hauteur de 80 ou 90 %. » À cela, se sont ajoutés d’importants épisodes de pluie, entrecoupés de périodes de chaleur, qui ont favorisé le développement du mildiou. « On a été très fortement impactés. C’est un peu général à toutes les régions touchées par l’eau. Heureusement, Stéphane a réussi à intervenir et a fini par stopper cela », explique Laure Dubreil. Enfin, dans certaines parcelles, ils ont également été affectés par l’oïdium.
Au final, les vignerons enregistrent d’importantes pertes. « Sur certaines parcelles, on fait 10 ou 15 hectolitres par hectare alors qu’en temps normal sur de l’appellation Touraine-Sauvignon ou Touraine-Oisly, on en fait plutôt 60. » Malgré ces petits rendements, le temps passé sur la vendangeuse, lui, reste le même. « On passe du temps, mais la benne ne se remplit pas vite. Au lieu de faire entre quatre et cinq pressoirs par jour, on en fait un voire deux. »
Et la météo ne semble pas vouloir accorder de répit à Laure et Stéphane Dubreil : « On fait deux hectares ici ou là, car les conditions météo ne sont pas supers. En plus, la pluie de ces derniers jours dégrade l’état sanitaire des baies. Celles-ci se gorgent en eau, ce qui dilue la sucrosité des raisins et le degré potentiel d’alcool ». La maturité est également très hétérogène sur le vignoble en fonction des parcelles et des différents cépages.
Rester optimiste
Malgré tout, Laure Dubreil garde le sourire et préfère rester positive. « On est jeunes, on a encore beaucoup d’années devant nous. Je ne suis pas du genre à me démoraliser. Je suis installée sur le vignoble depuis 2010, j’ai connu le gel, les inondations, les maladies, la Covid… On sait que c’est inhérent au métier. » Laure Dubreil affirme ainsi être résiliente face aux problèmes climatiques, économiques et humains… La passion de son métier la « pousse à avancer sans se poser trop de questions ».
La vigneronne est également plutôt confiante vis-à-vis de la qualité du millésime 2021. « Les années précédentes, nous étions sur des profils surmûris. Là, nous allons plus retrouver des arômes variétaux. C'est-à-dire plus typiques de la vallée de la Loire. Je pense que c'est plutôt une bonne chose. C'est ce que cherchent les consommateurs. La notoriété du Touraine-Sauvignon s'est d'ailleurs faite sur ces profils-là. »