Et un, et deux, et trois ?
Après le triomphe des Bleus l’été dernier, c’est l’équipe de France féminine de football qui entre en piste le 7 juin, pour sa première Coupe du monde à domicile.
Les Bleues nous offriront-elles une nouvelle victoire en Coupe du monde de football, après le sacre de leurs homologues masculins en 1998 puis 2018 ? La Coupe du monde féminine a lieu du 7 juin au 7 juillet, pour la première fois en France.
En net essor depuis quelques années, le football féminin tricolore a connu une progression irrégulière. Impulsé par les féministes britanniques à la fin du XIXe siècle, il éclot en France en 1912 et s’impose juste après la Première Guerre mondiale. La Fédération française de football (FFF) refuse d’accepter les licenciées féminines, qui s’organisent en ligues indépendantes. En 1941, le régime de Vichy interdit aux femmes la pratique du football, jugée nocive.
Le football féminin renaît de ses cendres à la fin des années soixante. Les footballeuses participent à des tournois masculins et tentent d’obtenir davantage de reconnaissance, mais elles se heurtent à nouveau à l’hostilité des institutions. Le football est accusé de les enlaidir et de les viriliser. Les Bleues participent à une Coupe d’Europe puis à une Coupe du monde pirates.
La FFF intègre finalement le football féminin en 1970, et organise le premier championnat de France en 1974-1975. Le premier championnat d’Europe officiel a lieu en 1984 et la première Coupe du monde, en 1991. Le football féminin reste à cette époque peu considéré par la FFF, et sera longtemps absent des grands tournois internationaux.
En 1998, Aimé Jacquet initie la création du premier pôle féminin, qui permet aux jeunes joueuses de se former à la pratique de haut niveau au centre de Clairefontaine.
L’été 2011 marque un tournant. Pour leur deuxième Coupe du monde, les Tricolores réalisent un parcours impressionnant. Elles se classent à la quatrième place de la compétition, après un match de poule d’anthologie contre le Canada et une haletante séance de tirs au but en quart de finale face aux Anglaises.
Le public et les médias s’enthousiasment. La FFF lance alors un plan de féminisation et négocie les droits de retransmission télé des matchs de première division féminine. Le nombre de licenciées s’envole : 54 000 en 2011, 100 000 en 2016, 165 000 en 2018 (soit actuellement 7,5 % des effectifs totaux).
L’ascension du football féminin en France ces dernières années est liée au succès des Bleues en Coupe du monde ; elle doit aussi beaucoup à l’Olympique lyonnais. Le club de Jean-Michel Aulas investit depuis environ quinze ans dans sa section féminine, tant au niveau des salaires qu’en termes de préparation physique et technique. Avec succès : les Lyonnaises survolent le football français et européen. Elles viennent de remporter coup sur coup leur 13e championnat de France, leur 8e Coupe de France et leur 6e Ligue des champions.
Lyon fait cependant figure d’exception en matière de professionnalisation des joueuses. Le football féminin ne génère pas assez d’argent pour faire vivre un championnat pro, les budgets des sections féminines et les salaires demeurent très inférieurs à ceux des hommes. Le revenu moyen d’une footballeuse de première division oscille en France entre 1 500 et 3 000 euros brut par mois, contre 73 000 euros chez les hommes.
L’engouement croissant du public pour le football féminin se traduit par une affluence importante dans les stades. Au Mondial 2019, tous les matchs de l’équipe de France se joueront à guichets fermés. Et plusieurs médias - notamment L’Équipe, TF1, Canal +, RMC - ont pour la première fois prévu une large couverture de l’événement, mettant en place des dispositifs proches de ceux consacrés l’an dernier à la compétition masculine.
Les Françaises sont actuellement quatrièmes au classement mondial. Leur sans-faute en matchs de préparation peut laisser espérer un beau parcours. Mais pour conquérir leur première étoile, Eugénie Le Sommer, Wendie Renard, Sarah Bouhaddi et les autres devront se défaire des favorites : la sélection américaine, qui vise une quatrième victoire en Coupe du monde, et l’équipe d’Allemagne, gagnante aux derniers Jeux olympiques.
L’équipe de France affrontera la Corée du sud en match d’ouverture au Parc des Princes, le 7 juin. La finale aura lieu le 7 juillet, à Lyon.
Laure Sauvage