En plaine de Versailles, une cohabitation exemplaire entre apiculture et agriculture
L’association Versailles plaine responsable a effectué sa deuxième récolte de miel de l’année et enregistre d’excellents résultats.
Au cœur de la plaine de Versailles, voilà quatre ans que l’association Versailles plaine responsable a installé ses premières ruches. Six au départ, vingt-deux aujourd’hui, soit un peu plus d’un million d’abeilles.
En ce 23 juillet, au moment de la deuxième et dernière récolte de miel de l’année, le bilan est extraordinairement positif. « Nous avons récolté 35 kilos de miel par ruche lors de la première récolte fin juin et aujourd’hui, nous avons de nouveau pas loin de 15 kilos par ruche, explique Jérôme Regnault, agriculteur et membre de l’association Versailles plaine responsable. C’est quasiment le double des chiffres moyens au niveau national ! »
À cet excellent résultat s’ajoute un état sanitaire parfait des ruches puisqu’aucune mortalité n’est à déplorer.
Les membres de l’association — dont la plupart sont agriculteurs et cultivent sur la plaine de Versailles — se sont entourés d’un apiculteur professionnel pour la gestion des ruches. Christopher Sénéchal s’assure de la santé du cheptel tout au long de l’année avec des visites régulières et veille à l’absence de varroa, un acarien dont la présence est redoutable dans les ruches et provoque une mortalité très importante.
Entouré des membres de l’association, c’est lui aussi qui est aux commandes pour les récoltes de miel dès le printemps.
À travers cette démarche, les agriculteurs de la plaine de Versailles souhaitent « prouver par le terrain » qu’apiculture et agriculture ne sont pas incompatibles, bien au contraire.
« On nous accuse en permanence de tuer les abeilles avec nos produits mais ici, nous démontrons la réalité : agriculture de production et apiculture sont compatibles et donnent même cette année des résultats meilleurs qu’ailleurs ! », lance Frédéric Chopart, membre de l’association. Les agriculteurs soulignent l’importance de la bonne gestion des ruches tout au long de l’année.
« Ceux qui ramassent des centaines d’abeilles mortes au pied des ruches en sortie d’hiver doivent d’abord s’interroger sur eux-mêmes et leur propre façon de gérer leur colonie. Le monde apicole manque de professionnalisme » souffle Jérôme Regnault.
L’association Versailles plaine responsable a investi dans une balance connectée qui a été installée sous l’une des ruches. Elle apporte ainsi de précieuses indications en temps réel à Christopher Sénéchal mais aussi à l’ensemble des agriculteurs de la plaine.
« Malgré la présence des ruches, nous ne nous interdisons aucun traitement sur nos cultures si cela est nécessaire, insiste Jérôme Regnault. Lorsque nous avons besoin de sortir en période de pollinisation par exemple, nous regardons la balance pour savoir si les abeilles sont au travail ou si elles sont rentrées à la ruche. Cela décale parfois notre intervention de quelques heures mais ainsi, la cohabitation est optimale. »
Pour cette année, la récolte est terminée. « Désormais, les abeilles travaillent pour elles. Elles vont faire une dernière miellée mais je leur laisse, explique Christopher Sénéchal. Elles vont prendre des forces pour la période hivernale ».
L’association écoule sa production de miel uniquement en vente directe sur des salons ou des marchés. Les agriculteurs rencontrent ainsi directement le grand public avec qui ils peuvent échanger grâce à ces résultats particulièrement probants. Certaines idées reçues commencent timidement à tomber mais le chemin est encore long…
Marine Guillaume