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Hiver doux et fortes pluies : une situation perturbée dans les champs

Semis retardés, cultures abîmées par la pluie… De l'avis général, nous vivons une année « particulière » sur le plan climatique. Nous faisons le point sur les conséquences de cette situation sur les cultures en Île-de-France.

En Seine-et-Marne, le fait marquant reste le retard pris dans les travaux, que ce soit pour la préparation du sol, les semis ou certaines applications dans les champs, et cela depuis octobre dernier à la suite d'une succession d’épisodes pluvieux. Si durant la première semaine de mars, l’épandage d’azote, d’intrants, le désherbage voire quelques semis d’orge de printemps ont pu être réalisés dans les parcelles accessibles, les travaux dans les champs ont été stoppés net avec les précipitations du week-end.

Ainsi, dans le nord du département, certaines parcelles en bord de Marne ou du Morin sont sous l’eau. Côté végétation, les blés sont au stade trois feuilles à fin de tallage pour les derniers semés et jusqu’à des épis de 0,5 à 0,8 cm pour les autres. Les colzas sont au stade D2 (l’inflorescence est sortie) voire début de floraison. Quelques taches jaunes commencent à apparaître dans la plaine. « Contrairement aux craintes, les cultures sont saines. Seules quelques zones de rouilles sur escourgeons sont présentes mais rien d’alarmant », note Claire Turillon, conseillère en grandes cultures du secteur nord-Seine-et-Marne à la chambre d’Agriculture.

Dans le centre du département, où les semis de blé se sont étalés du 5 octobre jusqu’à mi-janvier, les cultures présentent des situations diverses. Les parcelles semées avant le 20-25 octobre sont saines et à un stade de développement normal (épi 1 cm environ). Par contre, les blés semés tardivement souffrent de la battance des sols, notamment dans la plaine de Mormant. Les blé, stressés, ont du mal à taller et des grains ont pourri. « On constate de fortes pertes de pieds malgré une grosse densité de semis. Des interrogations se posent sur l’avenir de la culture. Faut-il ressemer ou non ? Quand ? Avec quoi ? Sachant que des reports sur l’orge de printemps ont déjà eu lieu et que les semis de celle-ci ont pris du retard faute de ressuyage suffisant des labours. Or un semis après le 20 mars risque de provoquer des pertes de rendements », explique Valentine Boullenger, conseillère du secteur centre-77 à la chambre d’Agriculture. De plus, dans les terres séchantes, la culture risque de ne pas avoir le temps de se développer avant un coup de sec.

Les colzas souffrent également d’excès d’eau avec parfois des pivots pourris. Et les plus faibles subissent les attaques des pigeons, ce qui n’aide pas. Les autres sont à la limite de la floraison, c’est une question de soleil et de chaleur.

Autre souci, à partir de mi-novembre très peu de parcelles ont été désherbées. « Aujourd’hui on se trouve avec des impasses face à l’absence de produits efficaces et des résistances », pointe la conseillère.

Dans le sud du département, les inquiétudes portent sur le retard pris pour les semis d’orge de printemps, culture phare — dans le Gâtinais les surfaces sont quasi équivalentes à celles du blé. Si une partie des surfaces, dans les terres légères, a pu être semée pendant la période de gelée, le compte n’y est pas.

Enfin, les apports en azote sont très hétérogènes dans le département. Si certains en sont à leur deuxième apport sur les parcelles qui portent bien, sur celles hydromorphes, seul un apport voire aucun a été réalisé.

 

Île-de-France ouest

Dans les Yvelines, dans le triangle Houdan - Rambouillet - Montfort-l'Amaury, les cultures sont plutôt très en avance. « Le colza a quasiment un mois d'avance, le blé tendre pousse fort également. Néanmoins, il faut veiller à bien suivre les stades », alerte Christophe Daulle, le conseiller technique du secteur. Les vents d'est compliquent les apports d'azote. Les semis d'orge de printemps ne sont pas engagés. Des attaques de botrytis sont observées sur les féveroles. Du côté de Rambouillet, le surplus d'humidité a parfois fait pourrir le colza dans certaines parcelles.

Plus au nord, le constat est le même. « À cause des températures plus élevées que la normale, nous avons jusqu'à trois semaines d'avance, avec des blés au stade 1 cm et plus », constate Benoît Savalle, conseiller technique du Cercle Bréval-Limay. L'impatience est forte quant au semis des orges de printemps, mais ici comme ailleurs, il faudrait une semaine sans pluie pour que les terres sèchent suffisamment. « Les cultures sont plutôt belles, mais il faudrait que la pluie s'arrête ! La bonne nouvelle, c'est que les réserves utiles sont pleines », conclut Benoît Savalle.

Au sud des Yvelines, les terres très humides compliquent le travail dans les champs et empêchent les semis d'orge de printemps. « Nous n'excluons pas de revoir l'assolement dans certaines parcelles et de passer à une culture telle que le maïs », explique Marie Boulard, conseillère technique du Cercle Dourdan/Limours. Les colzas sont plutôt beaux sauf dans certaines zones où ils ont pourri. La situation est très hétérogène pour les céréales d'hiver : les blés semés avant l'arrivée des fortes pluies sont beaux et en avance, les autres ont souffert des conditions d'implantation. Cette situation complique le travail des agriculteurs puisqu'il faut s'adapter parcelle par parcelle à l'état des cultures. « Dans certains cas, on a dû retourner la parcelle car le peuplement n'était pas assez important pour garder la culture », se désole Marie Boulard.

En Essonne, on s'oriente aussi vers une année de semis tardif pour l'orge de printemps. « C'est très rare qu'il n'y ait rien de semé à cette époque de l'année sur notre territoire », souligne Emmanuel Griard, conseiller technique du Cercle Étampes/Méréville. Certains agriculteurs remettent en cause une partie de leur assolement et pensent à remplacer l'orge de printemps par du tournesol. Les colzas s'en sortent mieux, la plupart du temps. Les blés sont hétérogènes en fonction de la date de semis. « Il y a des parties de parcelles dans lesquelles ils sont asphyxiés. Le tallage n'est pas bon, la densité de pieds est faible », note le technicien, qui fait part de son inquiétude : « Les semaines passent, le calendrier avance, et nous sommes toujours dans la même situation ».

À l'est, à la frontière avec la Seine-et-Marne, quelques parcelles ont pu être semées fin janvier en orge de printemps, mais « ce n'est pas représentatif de l'ensemble », explique Mathilde Fontaine, conseillère technique pour le Cercle Milly/Corbeil/La Ferté-Alais. La situation des blés dépend de la date des semis. « Cette année est très particulière, car les semis ont été étalés sur plusieurs mois : de début octobre à fin décembre », note-t-elle. Point positif, les colzas semblent avoir de « belles biomasses ».

Dans le Val-d'Oise, la situation est compliquée, avec des sols qui peinent à drainer l'eau. « On voit des phénomènes de tassement, de terres battantes », constate Stéphane Boulet, conseiller technique pour le Cercle région Magny-en-Ve. Le long de l'Oise, les parcelles sont inondées par la remontée de l'eau venant des nappes phréatiques. Des carences en oligo-éléments dues aux excès d'eau commencent à être observées, avec des systèmes racinaires superficiels ou en mauvais état. Pour les semis, il faut prendre son mal en patience et attendre une fenêtre météo pleinement favorable. « Même si on dépasse la date du 15 mars, avec la montée des températures, on peut espérer que les cultures rattrapent leur retard, à condition de semer dans de bonnes conditions », prévient le technicien. « Nous n'avons jamais eu de répit climatique ces dernières semaines », conclut-il.

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