Les agriculteurs racontent leur agriculture
Avec la plate-forme de communication Agridemain, le monde agricole veut montrer au grand public "l’agriculture telle qu’elle est".
Les agriculteurs vivent deux à trois ans de plus que la moyenne des Français. Ils utilisent aujourd’hui 34 fois moins de pesticides que leurs parents. Le taux de diplômés bac+2 dans le secteur agricole est supérieur à la moyenne française. D’après une étude menée par l’institut BVA, voici quelques-unes des réalités agricoles qui surprennent le plus le grand public.
L’étude montre que la société française a une image pas forcément mauvaise, mais en tout cas déformée de l’agriculture. D’ailleurs, « un Français sur deux a le sentiment de mal connaître les modes de production », note Florence Gramond, directrice d’activité à BVA, qui pointe « un énorme clivage en ce qui concerne les traitements, les engrais ; les bonnes pratiques agricoles sont complètement inconnues du grand public ».
Les acteurs du monde agricole ont décidé de remédier à cette méconnaissance. A la veille du Salon de l’agriculture, quatorze organisations lancent « Agridemain » : une plate-forme de communication commune pour renouer le lien entre agriculteurs et grand public.
Luc Smessaert, président de l’association Farre*, précise que cette initiative va servir à « parler d’autre chose que des crises » et à « démystifier les clichés autour de l’activité agricole », sur des sujets comme la fertilisation, la protection des plantes, le bien-être animal…
Agridemain, concrètement, ce sera d’abord un mot-clé à utiliser sur Twitter et Facebook : #agridemain. « Agridemain, pour montrer qu’on a une vision de l’agriculture comme facteur d’avenir de l’économie française », analyse Gilles Maréchal, l’animateur de la plate-forme. C’est aussi un site et une application de jeux.
C’est surtout un réseau. Agridemain va s’appuyer sur des « ambassadeurs » du monde agricole. Ils seront chargés de parler au grand public de leur quotidien et de leurs pratiques, sur les réseaux sociaux ou dans leurs communes, par exemple lors d’opérations « fermes ouvertes » ou de rendez-vous en bout de champ.
Gilles Maréchal analyse : « Les gens ont l’image qu’il y a d’un côté l’agriculture industrielle et de l’autre, l’agriculture bucolique. Il faut sortir de cette vision manichéenne, montrer la diversité des gens et de leur histoire. » L’objectif est d’atteindre rapidement un millier d’ambassadeurs répartis en France. Pour l’instant, ils sont cent cinquante.
Thierry Bailliet, agriculteur en Pas-de-Calais, en fait partie. Il est convaincu de la nécessité d’agir car « il y a encore des gens qui pensent que l’agriculture est dépassée et que les agriculteurs sont arriérés » ! Depuis deux ans, il parle de son métier dans des vidéos pédagogiques, qu’il poste sur son site. Il lance : « Agriculteur, c’est le plus beau métier du monde. C’est technique, c’est raisonné. Je veux montrer que nous sommes des gens responsables. »
Il illustre ainsi un autre objectif du projet Agridemain : retrouver la fierté d’être agriculteur.
* Farre : Forum des agriculteurs responsables respectueux de l’environnement.