Extension de la Carrière Calcia : les exploitants dans la rue
Samedi 14 octobre, une trentaine d’agriculteurs soutenus par les Jeunes agriculteurs, la FDSEA et la Chambre manifesteront à 13h30 vers la sous-préfecture de Mantes (Yvelines).
Depuis plusieurs semaines, une sourde colère monte dans les vallées de la Montcient et de la Seine, particulièrement entre les Mureaux et Mantes-la-Jolie (Yvelines).
Elle trouvera son point d’orgue samedi 14 octobre à Mantes-la-Jolie avec une manifestation de l’association vexinoise de lutte contre les carrières cimentières (AVL3C) à laquelle se sont associés la FDSEA et les Jeunes agriculteurs d’Ile-de-France.
En cause : un projet d’extension de carrière de calcaire cimentier dans le Parc naturel régional du Vexin français, au-dessus du village de Brueil-en-Vexin (107 ha exploités pendant trente ans dans une première tranche, sur un périmètre de 555 ha à terme, les communes de Sailly et Fontenay-Saint-Père sont concernées).
La demande d’autorisation environnementale a été déposée fin juillet par le groupe allemand HeidelbergCement (ex Calcia) auprès des services de l’Etat.
Actuellement, le calcaire qui alimente la cimenterie de Gargenville, près de Mantes, provient de la carrière de Guitrancourt.
En fin d’exploitation, elle a été partiellement transformée en centre d’enfouissement de déchets. L’industriel ne peut poursuivre son exploitation car la nappe phréatique de cette commune est protégée depuis 2008.
Pour le porteur du projet, il s’agit de maintenir l’activité de Gargenville, grâce à ce nouveau site de Brueil-en-Vexin situé à près de sept kilomètres de l’usine.
« Un projet structurant pour le territoire » souligne HeidelbergCement qui a conditionné le maintien de ses cent trois salariés sur les deux sites à de nouvelles extractions de calcaire.
Les élus, unanimes, dénoncent « trois millions de m³ de terres déplacées, des excavations de quatre-vingt mètres de profondeur pour atteindre le calcaire cimentier, des nuisances incommensurables (tirs de mine, camion à 350 m des habitations, à 600 m d’une école, sur un plateau classé paysage remarquable) et la destruction de terres agricoles d’une très grande qualité ».
Dans un courrier adressé au ministre Nicolas Hulot en juillet dernier, le nouveau député de la 8e circonscription des Yvelines, Michel Vialay, s’est positionné contre le projet et a alerté sur les nombreux risques à venir autant sur l’environnement (poussières) que sur les nappes phréatiques situées à seulement un mètre de la zone d’extraction projetée.
La cimenterie, d’implantation très ancienne, est située dans une zone très peuplée (onze mille riverains) et particulièrement polluée, avec des problèmes de pathologies et de surmortalités avérés, ce qui fait dire à de nombreux opposants qu’elle pourrait être reconvertie en une activité plus propre.
Côté emploi, les enquêtes menées par les associations de défense de l’environnement ont démontré un impact négatif pour l’emploi local dans le Vexin qu’il soit agricole ou touristique, et ce, de façon directe ou induite.
À Sailly, le golf 18 trous du Prieuré et l’étang de pêche du Moulin de Haubert à Brueil-en-Vexin, directement approvisionné en eau par la nappe phréatique, seraient directement menacés de même que la ferme Saint Laurent (Brueil-en-Vexin) : elle héberge une entreprise du BTP qui n’a pas non plus l’intention de déménager.
Selon certaines études, la mise aux normes et l’automatisation de la cimenterie de Gargenville aboutirait à la suppression de la moitié de ses effectifs.
Le conseil municipal de Juziers, qui abrite pour partie la cimenterie sur son territoire, s’est prononcé contre le projet d’extension des carrières à une large majorité (près de 70 %) à la mi-septembre.
La pollution aérienne dans la vallée, conséquence de l’activité industrielle continue, est jugée préoccupante par de nombreux élus et habitants.